« Marais d’eau douce! 

Observer les oiseaux va au-delà du simple fait de « cocher » des espèces rares sur une liste. Observer, c’est surtout s’imprégner du lieu, étudier les comportements des oiseaux les plus communs et apprécier leurs interactions en toute saison. Même sous la pluie, vous verrez, il y a de la vie. Admirez l’élégance du Canard pilet, la rapidité des bécasseaux en vol, la prestance du Grand Héron, le plongeon du Grèbe à bec bigarré, la majesté du Cygne trompette.

Le marais d’eau douce aménagé en 1998 sur une terre agricole en friche est aujourd’hui une pouponnière pour plusieurs espèces de canards barboteurs, comme le Canard colvert et le Canard chipeau. Grâce à leurs pattes positionnées de manière centrale sous le corps, ces canards peuvent aisément se déplacer sur la terre ferme. Ils se nourrissent en basculant la tête première dans les eaux peu profondes. Les canards plongeurs, comme le Grand Harle, se déplacent rapidement sous l’eau grâce à leurs pattes situées vers l’arrière du corps. Ils sont cependant moins agiles sur la terre ferme.

Jusqu’à aujourd’hui, quelque 200 espèces d’oiseaux ont été aperçus au marais et dans les différents habitats qui l’entourent. Parmi elles, on compte un petit nombre d’espèces résidentes, qui demeurent avec nous à l’année (p. ex. la Mésange à tête noire). La majorité sont toutefois migratrices et nicheuses : elles se reproduisent ici, mais nous quittent à l’automne. D’autres migrateurs, comme les Oies des neiges, ne font que passer : ils iront nicher plus loin au nord. Certaines espèces nordiques viennent passer l’hiver ici, comme le Jaseur boréal. Pour eux, nous sommes le sud! Finalement, on observe à l’occasion des « visiteurs » se trouvant à des milliers de kilomètres de leur aire normale de répartition, comme la superbe Talève violacée, qui ne se risque normalement pas au nord de la Floride!

Un marais saumâtre

Le long du Saguenay se trouve un autre type de milieu humide : un marais d’eau saumâtre, baigné par les eaux légèrement salées du Saguenay. Ce site marqué par l’effet des marées et en bonne partie recouvert par les eaux lorsque le marnage est de forte amplitude.


Depuis plus de trente ans, des professeurs universitaires passionnés, engagés dans leur collectivité, ont accompli de nombreuses études et recherches scientifiques portant autant sur la géologie que la biologie du site. Les sorties sur le terrain, en collaboration avec leurs étudiants et la population locale, ont permis de dresser un inventaire précis et surprenant de cet écosystème précieux comprenant une grande variété d’espèces, mais révèlent aussi la fragilité de ces milieux humides face à la pression que l’humain y exerce.


Lexique

Estran ou médiolittoral : partie de la batture laissée à découvert par la marée basse.

Alluvions : dépôts sédimentaires (cailloux, sable, boue) charriés par les eaux.

Aquitard : formation imperméable qui participe au drainage ou qui isole l’eau entre des couches aquifères, eaux captives.

Marnage : différence de niveau entre la marée haute (hautes mers de vives eaux) et la marée basse (basses mers de mortes-eaux).

Halophytes : plantes adaptées aux milieux salés, par exemple la salicorne.

Sauvagine : oiseaux aquatiques généralement migrateurs : oies, bernaches, cygnes, canards, etc.


Voyagez à travers les différentes saisons!